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Kuujjuaq, Nunavik

octobre 2015 

(photo M. Avarello)

RENCONTRES
ENCOUNTERS

École d’architecture de l’Université Laval, Québec

5 septembre 2017 au 5 octobre 2017

McEwen School of Architecture, Laurentian University, Sudbury​

5 novembre au 5 janvier 2017

Arctic Change 2017, Centre des congrès de Québec

11 au 15 décembre 2017 

Coordonnateurs

Mathieu Avarello, Melissa Mailhot. Avec l'aide de Pierre-Olivier Demeule.

Le partenariat Habiter le Nord québécois entame l’année médiane de ses activités de recherche avec l’exposition RENCONTRES, qui rassemble observations, hypothèses et apprentissages issus de son travail collaboratif avec les communautés du Nitassinan et du Nunavik.

 

Qu’elle soit délibérée ou fortuite, toute rencontre avec et entre les communautés autochtones oriente les réflexions et ancre des enjeux communs et collectifs dans des contextes concrets. Sa force découle d’un principe fort simple : celui que le partage d’une multitude de savoirs, de points de vue, de valeurs et d’expériences peut être générateur de solutions riches, rassembleuses, capables de résoudre des enjeux complexes.

 

RENCONTRES présente donc une série d’éléments de nature perceptuelle, réflexive ou exploratoire. Elle démontre des savoir-faire, esquisse des paysages, et fait état de pratiques culturelles – en images, en objets et en mots. Elle nous propose un exercice d’assemblage : celui de former, à l’aide d’éléments indépendants et diversifiés, une constellation porteuse de sens. Un tel assemblage est une occasion de brouiller des limites, de reconnaître et de rallier des ressemblances, et ainsi d’aborder des enjeux d’aménagement avec des données ponctuelles, mais des objectifs globaux.

 

L’exposition se veut à la fois un bilan pour le partenariat de recherche et un tremplin pour ses activités à venir. Elle propose de voir le progrès réalisé comme des données nouvelles, qui pourront être augmentées par des itérations et des collaborations futures. La publication du livre Habiter ici est une des activités en ce sens : elle permet de dresser un portrait dont la compréhension mènera à une collaboration amplifiée.

 

Au-delà des objectifs de recherche, RENCONTRES témoigne de la valeur de l’ouverture au regard de l’autre et des potentiels prometteurs que confèrent la collaboration, la solidarité et l’opportunisme pour le projet architectural, urbain, ou environnemental ; pour toute tentative de valorisation des milieux et des conditions de vie de nos communautés.

The Living in Northern Quebec Partnership launches the median year of its research activities with the exhibition ENCOUNTERS, which brings together observations, hypotheses and lessons from its collaborative work with the Nitassinan and Nunavik communities.

Whether deliberate or fortuitous, any encounter with and between Aboriginal communities guides reflections and anchors common and collective issues in concrete contexts. Its strength derives from a very simple principle: that the sharing of a multitude of knowledges, points of view, values ​​and experiences can generate rich, unifying solutions, capable of resolving complex issues.

ENCOUNTERS therefore presents a series of elements of a perceptual, reflective or exploratory nature. It demonstrates know-hows, sketches landscapes, and shows cultural practices - in images, objects and words. It proposes an exercise of assembly: that of forming, using various independent and diversified elements, a constellation carrying sense. Such an assembly is an opportunity to blur boundaries, recognize and rally similarities, and thus address planning issues with specific data, but global objectives.

The exhibition is both a record for the research partnership and an inspiration for its future activities. It proposes to see the progress made as new data, which can be augmented by future iterations and collaborations. The publication of the book Living Here is one of the activities in this sense: it allows to draw a portrait whose understanding will lead to an amplified collaboration.

Beyond the research objectives, ENCOUNTERS testifies to the value of openness to each other and to the promising potential of collaboration, solidarity and opportunism for the architectural, urban or environmental project; for any attempt to promote the environment and living conditions of our communities.

Un territoire commun

 

Plans des 24 communautés du Nitassinan et du Nunavik.

A Land in common

Plans of all 24 communities of Nitassinan and Nunavik.

Un paysage commun

 

Du Nord au Sud, de la toundra à la forêt boréale, de saison en saison : le Nitassinan et le Nunavik partagent des paysages, un horizon, des couleurs.

Cliquer l'image pour l'agrandir.

A common landscape

From the North to the South, from the tundra to the boreal forest, through every season: Nitassinan and Nunavik share landscapes, horizons and colours.

Click image to enlarge.

Voir / Réfléchir

 

Des assemblages d’images portent l’œil vers des pratiques qui font réfléchir, qui peuvent inspirer, qui requièrent une appréhension ouverte, curieuse. L’exercice de témoigner d’un certain état puis de le questionner mène à une réflexion prospective.

See / Think

Together these inspiring images make us reflect upon practices that require an open, curious apprehension. The exercise of witnessing a certain state and then questioning it can lead to a prospective reflection.

Le contact au sol revêt une signification particulière autant dans la culture innue qu’inuit. Les forêts et la toundra sont fragiles, mais riches, et d’une grande diversité. Les ressources issues du sol et de la nature sont essentielles à la survie, et leur proximité des milieux de vie a toujours été déterminante dans les déplacements ou les établissements des collectivités.

Ainsi, la conservation d’un tel contact au sol dans les communautés est non seulement d’ordre écologique, mais aussi culturel, puisqu’elle permet des activités significatives pour les familles, comme la cueillette de petits fruits, par exemple.

Contact with the ground particularly resonates with both the Innu and Inuit cultures. The forests and the tundra are fragile, yet rich, and contain great diversity. The Innu resources from the ground and nature are essential for survival, and their proximity to living environments has always been crucial for transportation or community establishment.

Hence, the conservation of such a contact with the ground within the communities is not only of ecological but also cultural concern, as it enables significant activities for families, such as berry picking, for example.

L’importance culturelle et environnementale du contact au sol est contrastée par certaines pratiques d’aménagement actuelles, dont les justifications sont principalement d’ordre technique. Les vastes couches de gravier compacté (radiers) qui recouvrent les villages inuit et le sable étalé dans les communautés innues en témoignent.

La fonte du pergélisol, l’ancrage au sol des constructions et les infrastructures de service sont autant de facteurs qui ont servi à justifier de telles pratiques et leur application systématique − et qui nous portent aujourd’hui à les questionner.

The cultural and environmental importance of the contact with the ground is contrasted by certain actual planning practices, of which the justifications are mainly of technical nature. The vast layers of compacted gravel that cover the Inuit villages and the sand spread across the Innu communities witness this reality.

The melting permafrost, buildings being anchored to the ground, and service infrastructure are factors that equally justify such practices and their systematic application - and elicit questioning them.

Dans la grande majorité des villages du Nunavik, le pergélisol implique qu’aucun service ne peut être souterrain. Il en résulte un fort contraste entre le caractère horizontal du territoire et l’encadrement omniprésent des infrastructures hors-sol, auquel s’ajoute le déplacement constant de camions lourds pour la distribution de combustible et d’eau potable et pour la collecte des eaux usées et des déchets domestiques.

Une réflexion quant aux formes construites et aux modes de partage de telles ressources pourrait sans doute rendre les milieux de vie plus conviviaux et plus en lien avec la nature.

In the great majority of Nunavik villages, the permafrost inhibits underground servicing. This constraint results in a strong contrast between the horizontal character of the territory and the omnipresent configuration of above-ground infrastructures, to which are added the constant motion of heavy trucks for the distribution of fuel and fresh water, and for wastewater and domestic waste collection.

Deliberate reflection concerning built forms and modes of sharing such resources could without a doubt foster living environments that are more convivial and connected with nature.

L’excursion dans le Land − hors des communautés et des villages − est une pratique courante, autant chez les Innus que chez les Inuit. Elle comble un besoin de s’éloigner des espaces urbanisés, organisés, et d’entretenir un rapport plus fort avec le territoire.

C’est donc en dehors des villages que s’exposent des abris, ou cabins, de fabrication autochtone. Ces habitations hybrides démontrent souvent un savoir-faire et une capacité à imaginer des solutions avec les moyens et les matériaux disponibles, en plus d’être fortement teintées des représentations de ceux qui les ont conçues. Une telle rencontre de savoirs peut s’avérer une piste pour imaginer une architecture autochtone contemporaine.

Excursions on the Land - outside the communities and villages - are of common practice, just as much for the Innu as the Inuit people. They meet the need to escape urbanized, organized spaces and sustain a strong relationship with the territory.

It is therefore outside the villages that shelters, or cabins of indigenous fabrication, are revealed. These hybrid habitations often demonstrate a know-how and a capacity to imagine solutions with the available means and materials, in addition to strongly reflecting the representations of those who have designed them. Such a convergence of knowledge can prove to be valuable for imagining contemporary indigenous architecture.

Les conteneurs de transport ont vite fait leur place dans les paysages du Nunavik. Ils habillent les berges, colorent les cours, et suivent les chantiers. Dans un contexte où l’accessibilité à toute ressource nécessaire à la construction dépend fortement de la capacité à la transporter et à l’entreposer, ils symbolisent en quelque sorte la relation de dépendance qu’entretiennent les communautés avec le Sud.

Leur abondance, leur modularité et leur polyvalence peuvent être porteuses de solutions nouvelles en aménagement, comme en fait foi leur utilisation spontanée, qui dépasse parfois leur fonction première.

The shipping containers have rapidly made their place in the Nunavik landscape. They clothe the shorelines, colour the yards, and shadow job sites. In a context where the accessibility of all necessary construction resources strongly depends on the facility of their transport and storage, they symbolize in some ways, the dependent relation these communities maintain with the South.

Their abundance, their modularity, and their versatility may offer prospective, new solutions in planning, as proved by their spontaneous utilization, which at times, surpasses their primary function.

Au cœur de nos rencontres : des gens.

At the heart of our encounters: people.

Le caractère sédentaire de l'aménagement des communautés des peuples innus et inuit, en contraste avec un passé plus nomade,  implique des mutations d’ordre culturel quant à la notion d’habiter. L’accès à une maison dans un cadre urbain divisé en parcelles porte avec lui l’idée de propriété individuelle, affirmée assez souvent et de plus en plus, particulièrement chez les Innus, à l’aide de petites clôtures délimitant les terrains.

Les répercussions sur les relations au sein de la communauté, sur la perméabilité des îlots, et sur le rapport au territoire, traditionnellement perçu comme une richesse commune, portent à réfléchir à des pratiques d’aménagement plus rassembleuses, solidaires.

The sedentary character of community planning for the Innu and Inuit people, in contrast with their nomadic past, implies mutations of cultural order concerning the notion of inhabiting. The access to a home in an urban framework divided into parcels bears the idea of individual property, often and more and more asserted by, particularly for the Innu, the help of small fences outlining the lots.

The repercussions on the interactions within the community, on the permeability of the blocks, and the relationship with the territory, traditionally perceived as a source of common richness, leads to consider planning practices that are more engaging and solidary.

Tous les villages et les communautés sont installés à proximité d’un cours d’eau. Traditionnellement, l’abondance de ressources naturelles, la facilité d’accès au territoire et, de façon peut-être plus importante aujourd’hui, la simplicité du transport de ressources justifient une telle disposition.

L’accès à l’eau et aux vastes surfaces glacées demeure d’une grande valeur, autant d’un point de vue identitaire que pratique. L’occupation des berges en affirme le rôle d’espace public et démontre la pertinence d’activités comme la pêche. Ainsi, une interface réfléchie entre les cours d’eau et l’espace urbanisé peut en assurer la démocratisation, en contribuant à un sentiment d’appartenance collective et de lien avec le territoire.

All of the villages and communities are settled in proximity of a watercourse. Traditionally, the abundance of natural resources, the ease of access to the territory and, in a way that is likely more important today, the simplicity of transporting resources justified such an arrangement.

Access to water and to the vast ice-surface remains of great value, from the point of view of both identity and practicality. The occupation of the shorelines affirms the role of public space and demonstrates the relevance of activities such as fishing. Thus, a well-thought-out interface between the watercourses and the urbanized space can ensure democratization by contributing to a collective sense of belonging and relationship with the territory.

Savoir-faire

 

Les savoir-faire traditionnels, peu importe leur nature, peuvent inspirer la construction : ils démontrent une capacité d'adaptation à un contexte particulier, et leur pratique, au quotidien, en perpétue ou en renouvelle la valeur.

Les kayaks présentés ont été fabriqués par l’école Iguarsivik Puvirnituq, en 2017. Ils ont été réalisés par Alain Cloutier et des étudiants de 14 à 17 ans en cheminement particulier, dont la fabrication et la pratique du kayak constitue environ la moitié du programme scolaire.

Know-how

The traditional know-hows, no matter their nature, can inspire construction: they demonstrate a capacity of adaptation to a particular context, and their daily practice perpetuates or renews its value.

The presented kayaks were fabricated by the Iguarsivik Puvirnituq School in 2017. They were crafted by Alain Cloutier and students of 14 to 17 years old in individual paths for learning, of which the kayak fabrication and paddling constitutes half of the academic program.

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